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der Befehl in ihrem Chaos
 
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 "L'empoisonneur"

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Nuke

Nuke


Nombre de messages : 40
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Date d'inscription : 09/06/2007

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MessageSujet: "L'empoisonneur"   "L'empoisonneur" Icon_minitimeLun 18 Juin - 3:14

[HRP : Copié/collé du forum précédent]

Regarde, c'est lui... l'empoisonneur... chuchota une voix sur son passage.
Bobby ne cilla pas, après cinq ans passés à entendre la même litanie cela ne l'atteignait plus, tout du moins en apparence...
Cinq ans, c'était l'âge du fameux "incident", comme il avait coutume de l'appeler. Le responsable de la station d'épuration de l'abri 12 - c'était lui - allait commettre une erreur aux répercussions dramatiques.

A l'époque cela faisait deux ans déjà qu'il occupait le poste, ses compétences et connaissances de chimiste avaient fait la différence au moment de décider et sa nommination l'avait enchanté, quelle plus noble tâche que celle qui permet à tous de distribuer une eau pure et propre à la consommation ? Propre à la consommation, c'est bien là que le bât blessa. Le forage utilisée par le bunker était une véritable manne pour les habitants, pas ou peu contaminé par des polluants extérieurs, exempt de boue, son traitement s'avérait ainsi très économe, tout au plus un ajustement de la DCO avec un peu d'eau de javel ou d'eau oxygénée et un passage sur charbon actif pour éliminer les éventuelles odeurs.

Ce par quoi le drame arriva, et que Bobby ignorait en toute bonne foi ; c'est que par le jeu des intempéries et des infiltrations d'eau, de fines poussières radioactives avaient atteint le forage. Naturellement personne n'aurait eu l'idée de placer un compteur Geiger au niveau de l'arrivée d'eau, et ce qui devait arriver arriva.
En consommant l'eau chargée de particules radioactives, les gens ne se rendirent compte de rien, ce n'est que quelques mois plus tard lorsque les médecins observèrent les premiers cas de leucemies chez deux nouveau-nés qu'ils en conclurent à une contamination radioactive. A partir de là il fut très simple de remonter jusqu'à la source, en même temps que la responsabilité du jeune chimiste fut établie, les médecins rendirent leurs conclusions sur les conséquences de ce drame : Les habitants y survivraient mais en plus des fausse-couches et des enfants mort-nés, tous étaient devenus stériles, l'abri 12 était appellé à diparaître inéluctablement faute de descendance...

Depuis ce jour, l'hostilité chronique des habitants, et surtout ce surnom... l'empoisonneur... ne le quittèrent plus. Plus personne ne lui adressa la parole, à chacun de ses déplacements, il pouvait entendre les murmures s'élever sur son passage.

...regarde... l'empoisoneur... celui qui stérilisé la population... lui qui a tué les bébés...
Mort de honte dans un premier temps, il se surprit maintes et maintes fois à tremblant, assis sur son lit en culpabilisant jusqu'à s'en rendre malade, bien qu'il fût tout à fait injuste de rejeter sur lui l'entière responsabilité de cet état de fait, la vindicte populaire avait cessé de lui faire croire en ce maigre réconfort.

Puis son comportement face à tout cela évolua comme pour former une carapace protectrice dans cet environnement hostile, il commença à apréhender les choses avec davantage de cynisme, ce n'était peut-être pas en phase avec sa personnalité initiale, mais ça le deviendrait inéluctablement, c'était une simple question de survie ; survivre à cette population qui rejettait sur lui tous les malheurs du monde.
Dés lors il se força à retrouver une démarche plus raide et plus assurée, s'affichant systématiquement avec un sourire, et un regard hautain dissimulé derrière ses petites lunettes, se laissa pousser le bouc comme pour souligner ce brusque changement de cap. Les gens s'offusquèrent probablement de cette nouvelle attitude ; il n'en sut rien. L'hypochrisie ici comme ailleurs régnait en maîtresse et les seuls contacts qu'il pouvait avoir avec d'autres habitants se limitaient au minimum vital : qui serait assez stupide pour commettre l'erreur de sympathiser avec "l'empoisonneur". Socialement parlant c'était signer là son arrêt de mort et les gens le savaient pertinemment.
Parallèlement à cela, son caracère évolua en phase avec sa nouvelle personnalité, l'homme de bonne compagnie qu'il était avant l'incident devint plus arrogant, calculateur et surtout extraordinairement paranoïaque.
Tenant sa précédente fonction pour responsable de sa situation, la science "noble" ; de celle qui procurait aux gens l'eau, l'énergie, le traitement des déchets, la synthèse des médicaments et toutes ces bénédictions apportés par les travaux d'hardis découvreurs des temps passés, le jeune homme l'avait prise en grippe. Quelle idée de se démener pour accroître un peu plus le confort de vie de tous ces parfaits imbéciles qui composent le genre humain. Ils ne méritent pas ne serait-ce que le millième des efforts consentis. Non, plus jamais de ça... la passion qu'il allait dévelloper concernait désormais la partie la plus sombre de la science, c'est ainsi qu'il passa le plus clair de son temps à s'imprégner avec une fascination macabre de toutes les anciennes publications pré-crash qu'il put dénicher au sujet des poisons, explosifs, polluants, matières radioactives...

Docteur Jekyll et Mister Hyde, l'analogie était on ne peut plus représentative pour expliquer ce changement radical. Professeur Bobby et Mister Nuke. Nuke, ça sonnait bien... ce serait son nouveau prénom, oublié le gentil Bobby. Pour les autres ça ne changeait rien puisqu'ils ne l'appellaient de toutes façons jamais, mais pour lui c'était une vraie rupture, la marque du changement. Nuke, pour Nuclear, de la technologie qui avait ravagé la surface du globe des décennies auparavant et avait poussé les gens dans ce type d'abris... du moins c'est ce que les anciens racontaient.

C'est précisément ce jour que choisit Nuke pour mettre en oeuvre le scénario qui lui trottait en tête depuis si longtemps, chaque parcelle de son corps vomissait "l'hostilité courtoise" des habitants à son égard. Lui, le pestiféré, l'empoisonneur... C'était en soi une manifestation de stoïcisme tout à fait originale : un corps imperturbable, ne laissant rien transparaître de la souffrance d'un esprit tourmenté, acculé par le poids du mépris peu à peu intériorisé. A chaque heure plus proche de la rupture, il ne céderait pas si prêt du but... car le jour était venu.

Selon un protocole maintes fois répété en pensées, Nuke ainsi qu'un automate exécuta les gestes qui devaient mener à sa libération. Il était 6h du matin. Se rendant au local laverie, il sélectionna tous les vêtements 100% nylon qu'il pu trouver (bas, collants, blouses...) avant de les tasser dans un grand sac à dos de randonnée. Il récupéra également quelques vivres et bouteilles d'eau dans les cuisines de l'abri ainsi que la bouteille d'alcool à teneur supérieure à 95° qu'il avait lui même distillé à partir de vinasse bouchonnée. il faudrait bien cela pour survivre seul seul dans les montagnes environnantes. Ainsi équipé, il se présenta au sas du bunker, l'aiguille du compteur Geiger mesurant le taux de radioactivité extérieur tendait vers une valeur négligeable, ce qui -soit dit en passant - n'incitait en aucun cas ces couards à tenter la grande aventure de "La sortie" ; et pour cause... qui savait quels dangers risquaient de se présenter à eux une fois à l'air libre ? Les plus imaginatifs évoquaient des animaux mutants tous droits sortis d'un film de série B. Les plus réalistes quant à eux parlaient des hordes de pillards sanguinaires n'attendant qu'un signe d'ouverture du bunker pour fondre sur cette proie facile, leur offrant du même coup nourriture, femmes et cachette.
Quoi qu'il en soit, la sortie était un sujet tabou dans l'abri 12, à l'instar de certains prisonniers qui apréhendent avec angoisse la date de leur libération, les habitants refusaient l'idée même de quitter leur prison de béton, aussi dorée soit-elle...
Court-circuiter le digicode d'ouverture du sas fût un jeu d'enfant, la porte n'était pas conçue pour empêcher les gens de sortir mais les intrus de pénétrer. Quatre vis enlevées et deux fils électriques sectionnés eurent raison de la pseudo-sécurité.

Une fois dehors, Nuke fit quelques pas... huma l'air à plein poumons. Il lui sembla tout à fait respirable et le trouva même infiniment plus savoureux que celui des compresseurs de l'abri.
La saveur de la liberté, pensa-t-il. Il regarda sa montre : 7h00. Il sourit, il était temps pour lui de recouvrer sa liberté, de rendre au prix fort à tous ces bien-pensants l'humiliation qu'il avait eu à endurer, aussi silencieusement extérieurement qu'ivre de rage en son for intérieur.
7h, l'heure à laquelle le petit-déjeuner était servi dans la cantine de l'abri. L'ensemble des habitants y étaient rassemblés l'heure durant. Il aperçut une cheminée d'aération à quelques pas de là, pile à l'endroit prévu. Les plans du Bunker n'avaient pas été difficiles à se procurer.
Parvenu à hauteur de l'aérateur en question, il le bourra alors avec tous les vêtements qu'il avait apporté, les imbiba copieusement avec la moitié de sa bouteille d'alcool puis y jeta une allumette embrasée avant de se placer en retrait, le courant d'aspiration engendré par les compresseurs en aval entretint le feu jusqu'à ce que le maëlstrom de vêtement fondus soit entièrement consummé.

Dans le vide complet de la montagne, le jeune homme entamma alors un cours magistral sordide, à haute voix, comme adressé à un auditoire d'étudiants invisibles :

Sachant que la combustion d'un kilogramme de nylon 6-6 rejette dans les conditions normales de pression et de température un volume d'acide cyanhydrique de 46L. Que pour l'homme la concentration létale de HCN dans l'air est de 0,05% et que la pièce en question occupe une surface de 300m² pour une hauteur de 2m, calculer la masse de nylon minimale nécessaire pour gazer l'ensemble des occupants.
Il parti dans un éclat de rire salavateur - le premier depuis 5 ans - que c'était bon de pouvoir à nouveau à nouver exprimer sa joie à gorge déployée.
Déjà dans la salle bondée, les première effluves d'amande amère, annonciatrice de la mort par HCN se diffusaient. Indétectables pour un nez non-exercé car noyées dans les odeurs de café et du repas de midi que le chef commençait à préparer. Toutes les traces de "l'Erreur" étaient en passe d'être effacées, c'était un bon début. De tout cela ne subsisteraient que ses souvenirs et ce profond dégout pour le genre humain qui ne le quitterait probablement jamais.

Quand ils se rendraient enfin compte que quelque chose ne tournait pas rond dans la salle, que les premiers vertiges et irritations de la gorge apparaitraient ; il serait déja trop tard...
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